Lors de notre passage sur l’île de Morro de Sao Paulo, nous avons eu le privilège de nous entretenir avec un patron de restaurant italien, Paolo.
Ayant toujours aimé lire les récits d’entrepreneurs expatriés sur le site de Rue89, je me suis dit que cela pourrait vous intéresser également.
Ayant aimé son discours, son restaurant « La Canoa » et le déjeuner, nous avons décidé de faire une petite interview improvisée. C’est une première, je vous demanderai donc votre indulgence.
- Paolo, pourrais-tu te présenter et nous parler de toi?
Originaire de Milan, j’ai passé un diplôme de marketing à New-York tout en travaillant dans des restaurants italiens.
Je suis venu pour la première fois en 1998, des amis vivaient ici et je suis venu 4 fois par la suite en sac à dos. Puis j’ai fait des saisons après avoir rencontré celle qui allait devenir la mère de notre fils à Belo Horizonte.
- Depuis quand as-tu posé tes valises et ouvert ton restaurant sur cette île ?
Cela fait environ 2 ans que je vis sur l’île. Au début, mes amis me prenaient pour un fou quand je disais que j’allais ouvrir un restaurant italien avec tous les échecs précédents que l’île à connu.
Je suis en train d’entamer ma deuxième saison et pour l’instant je suis plutôt satisfait, j’ai même pris un mois de vacances l’année dernière !
Cette année il n’y aura pas de fermeture car je mise beaucoup sur la coupe du monde 2014 pour cette deuxième saison.
En effet, 80% de mes clients sont européens et avec cet événement, je suis convaincu que les clients seront au rendez-vous.
- Quel a été ton accueil sur l’ile de Morro en tant qu’entrepreneur expatrié ?
Au Brésil, ici en tout cas, tu as beau être marié avec une brésilienne, avoir un enfant brésilien et parler la langue, tu resteras toujours un gringo (NDLR: une personne non brésilienne).
Cela ne pose pas de problème en soit mais les locaux ont des passe-droits pour lesquels je n’ai pas mon mot à dire (certaines embauches ou laisser des vendeurs s’installer juste devant l’entrée du restaurant).
Sans cela, ne proposant pas les mêmes produits, il n’y a pas de concurrence en soit avec les autres restaurateurs. - Peux-tu nous présenter la carte de ton restaurant?
Elle se compose essentiellement de plats italiens, je ne propose pas de pizzas comme la plupart des autres restaurants dit « italiens ».
On retrouve les traditionnels antipasti qui sont fait maison avec tout un ensemble de bruschettas qui sont souvent proposées en entrée du jour.
Il y a également des salades, des pâtes italiennes avec des produits frais de la mer, des viandes et des poissons grillés.
- Tu proposes uniquement de la cuisine italienne, comment gères-tu les produits utilisés ? Sont-ils tous importés ?
De part mes origines, je cuisine effectivement à l’italienne mais une très grande partie des produits que j’utilise sont locaux. Le provolone par exemple est brésilien et il est franchement très correct.
Les seuls produits importés sont: les pâtes (elles se doivent de venir d’Italie), le riz pour les risottos qui est très difficilement trouvable ici, l’huile d’olive vient d’Italie ou du Portugal, les tomates pour la sauce, le vinaigre balsamique et le parmesan vient d’Uruguay.
J’aimerai proposer du vin italien comme du Chianti ou du Prosecco mais les taxes sont tellement lourdes que je propose du vin chilien. Cela me permet de servir du vin de qualité à un prix raisonnable.
- Les brésiliens sont-ils sensible à ta cuisine?
Comme je le disais précédemment, 80% de mes clients sont étrangers, ce n’est pas seulement une question de goût mais aussi une question de moyens.
Les brésiliens ne sont pas habitués à ce type de nourriture sauf ceux du sud. Les vagues d’immigration italienne du siècle dernier ont contribué à perpétuer le goût pour ce type de cuisine. Et ce n’est pas pour rien que l’on trouve la plus grosse concentration de noms de famille italiens autour de São Paulo.
- Le Brésil a une réputation dangereuse, c’est d’ailleurs le discours des brésiliens eux-mêmes, quel est ton ressenti à ce sujet?
Le Brésil est effectivement un pays dangereux!
Il y a eu 50.000 morts par balle l’année dernière mais cela concerne principalement les locaux.
Ceci dit, même si ce n’est pas dans mon intérêt de dire cela, les touristes peuvent facilement se faire dépouiller, ne serait-ce que pour les habits car le niveau de pauvreté est très élevé par endroit. Il faut surtout faite attention dans les grandes villes comme Salvador. Les touristes doivent juste prendre conscience que les signes extérieurs de richesse sont à proscrire ( marque de vêtements, bijoux, appareils électroniques..). Même si je n’ai pas parcouru l’ensemble du Brésil, en suivant cette simple règle il ne m’est jamais rien arrivé. - A l’approche de cette coupe du monde à quelle équipe apportes-tu ton soutien?
A l’Italie bien sûr, quelle question! J’ai beau vivre au Brésil, mon coeur est toujours tourné vers mon pays et le football en fait parti.
Par contre, si tu poses la question à mon fils ce sera plus compliqué, il aura du mal à trancher entre les origines de ses parents.
Si vous faites un tour par l’île de Morro de Sao paulo, nous vous conseillons d’aller faire un tour dans son restaurant situé en face de la 3ème plage pour le déjeuner, il n’est ouvert le soir que pendant l’été. Il a d’ailleurs été mentionné dans la dernière édition du guide du routard et sa page tripadvisor est rempli d’éloges.
Espérant que cela vous a plu et même peut être donné l’envie d’aller exporter notre chère cuisine française hors de notre territoire.
Une installation réussie!Avec beaucoup de risques et de courage certainement. Et cela rend les pâtes plus al dente qu’en Toscane…J’irai bien dîner chez ce rital!!!(attention aux mots en ces périodes troublées) euh, chez cet italien.Puis après dans un resto franchouillard . Quand est prévue de pendre la crémaillère?. J’arrive avec la bouteille de Romanet Conti.