On arrive à Carthagène, il est 1h et l’air est suffocant en sortant de l’aéroport. J’ai ressenti cette sensation une seule fois dans ma vie, c’était au Kenya, mais c’était en pleine journée. On ne va pas se plaindre, c’est un peu ce que nous sommes venus chercher aux bords de la mer des Caraïbes.
On trouve un chauffeur de taxi mal aimable qui veut bien nous emmener chez notre couchsurfeur. Il me propose une somme que j’arrive à négocier avec mon traditionnel « je n’ai pas payé ce prix-là la dernière fois », ça fonctionne à tous les coups.
Le chauffeur de taxi avait la tête d’un truand Anglais que l’on retrouve périodiquement dans les films de Guy Ritchie, genre la bonne racaille avec des chicots dorés, mais qui écoute The Rhythm of The Night de Corona à fond et qui en est méga fier (Street credibility fail). On se rendait dans un couchsurfing qui s’annonçait de base original, une maison culturelle de quartier qui aide les jeunes à se réinsérer en leur proposant des activités diverses et variées (Photographie, cours de guitare ou prêts de livres). En cas de séjour prolongé, une action sociale est même proposée, cela me plaisait rien qu’en le lisant. Mais qui dit action sociale de ce genre dit quartier de merde, forcément, mais ça je ne l’avais pas calculé initialement. Bref, une demi-heure plus tard, il y a des mecs avec des casquettes à tous les coins de rue entouré de cadavres de bouteilles de bière, mais l’ambiance est plutôt bonne, le reggaeton tourne à fond et je pense qu’il y a une sorte de rivalité a celui qui va faire le plus de bruit (pauvres voisins). Après de longues recherches et un coup de fil, nous trouvons la maison, c’était en fait celle où il y avait le plus de bruit et de monde.
Il y avait plusieurs personnes en train de discuter devant et plusieurs autres en train de danser à l’intérieur, vraiment une ambiance de fou, mais après une journée dans les aéroports, tu te demandes vraiment où tu es. Nous sommes alors présentés à tout le monde, les mecs colombiens me font 1000 styles de Check pour me saluer, il y a une Chilienne bourrée, un couple d’Argentins qui tricotent des peluches en laine et font un trip en camion, un couple de Franco-Mauriciens en tour du monde, un gros latino-américain endormi sur un canapé et plein de gens du quartier.
La fête continue jusqu’à 5h du mat, mais je me coucherais avant dans une chambre avec les deux Français et le prof de guitare sous une chaleur toujours aussi accablante. C’est fou les maisons comme ça avec autant de passage, ça va ça vient à tout moment de la journée, je flippe un peu pour mon sac, mais il n’y a visiblement rien à craindre. Il fait tellement chaud le matin qu’une expédition dans le centre n’est envisageable qu’en début d’aprem. Un truc qui m’a fait marrer, un rappeur local est venu dans la maison pour se faire tirer le portrait. Il était avec son pote dans « notre chambre » en train de faire des photos, mais je voyais bien qu’ils s’y prenaient très mal.
« Se necessita un poco de Ayuda ? » Je lance au nouveau snoop dog colombien.
« Claro que si Papí ! » qu’il me sort soulagé, car son pote sue à grosses gouttes et en chie comme ce n’est pas possible.
Me voilà à lui faire prendre des positions que j’ai vu sur toutes les pochettes de rap que j’affectionne tout particulièrement, le mec jouait le gangsta alors qu’il paraissait gentil comme tout, mais je ne lui aurai pas parlé de moi même dans la rue. Il terminera sa session par une petite improvisation sur une musique instrumentale d’un gros classique américain.
Accompagnés de notre couple francophone (cela repose de parler sa langue de temps en temps), nous partons en direction du centre-ville historique pour une visite touristique. Sur le chemin, nous entendons de la musique très forte à tous les coins de rue, en grand fan de reggae, c’est tout à fait l’image que je me faisais de la vie à la caribéenne sauf qu’il semble que ce soit comme ça dans toute la Colombie. Nous aurons même droit à une improvisation dans le bus, le type décrit tous les gens du bus de façon humoristique sur un rythme ragga, les gens se marrent, je ne comprends pas tout, mais je lui file quand même quelques pièces, j’aurai même droit à un petit bracelet aux couleurs de la France en guise de remerciement.
Le centre de la ville est beaucoup plus calme, l’architecture est de type colonial, il y a des vendeurs à la sauvette qui propose des cigares et des bouteilles d’eau toutes les 2 minutes, un lieu bien touristique quoi. Ceci dit, cela fait du bien de voir une ville propre, les balcons sont très fleuris et les couleurs des façades sont très criardes, mais charmantes. Nous passerons la journée à errer dans les rues et prendre des photos. Un agréable moment en compagnie d’un couple que l’on apprend à connaitre et qui nous plait beaucoup. On parle de nos expériences de voyages et échangeons nos astuces et bons plans.
Après une grosse journée à transpirer, je ne rêve que d’une douche. Une fois arrivé devant notre maison « du bonheur », on se rend compte que le gars qui a les clés est parti en ville pour danser et l’on se rend vite compte que nous allons rester à la rue. Alejandro, le prof de musique est resté bloqué à l’intérieur et nous passe une échelle pour escalader la maison. Sachant que c’est la seule solution, nous nous exécutons et rentrons nous faire un diner avec certains restes de la veille.
Après ce court épisode de bohème sympathique, nous décidons de trouver une auberge dans le centre, histoire d’être plus près de tout ce qu’il y a à visiter. Nous nous retrouvons dans le quartier de Getsemani, un quartier tout aussi populaire, mais à 3 pâtés de maisons du centre. Nous profiterons de ce moment pour nous reposer, visiter la ville et des musées (celui de l’or, de l’inquisition et d’art moderne), fêter mon anniversaire (en dégustant un bon Pad thaï) et laver nos fringues.
Les plages de Carthagène ne sont pas les plus belles que nous ayons vues, nous sommes sur la côte Caraïbes de la Colombie et l’envie de découvrir une belle plage se fait ressentir. Vous savez celle avec de l’eau bleue et du sable blanc. Accompagné de notre couple d’amis Emmanuel et Marine, on décide d’aller sur la plage de Barú. Nous prenons un bus direction le Mercado, ce quartier contraste énormément avec le centre historique, il est beaucoup plus bruyant, il y a des odeurs nauséabondes et la circulation est un vrai bordel. Nous en profiterons pour acheter des bolsas d’eau, des sortes de petits sacs en plastique de flotte en forme de berlingots de javel que tout le monde sirote à tout va. La marque Cielo, la plus répandue qui se trouve dans la ville, est une sous marque de Coca-cola, les sodas sont déjà très présents et cela fait d’eux un fournisseur incontournable pour s’hydrater par ici.
Nous prendrons un autre bus, encore un chanteur-poète dans le bus puis un taxi pour se rendre sur la fameuse plage que les guides de voyage vendent comme étant « the place to chill » pour la journée. Des Cabañas où dormir jonchent le début de cette longue plage, nous longeons une belle plage qui nous rappelle notre traversée de Bahia au Brésil.
On passe une vraie journée à se la couler douce comme nous n’avions pas fait depuis un petit moment, poisson grillé et bronzette, ou plutôt cramette dans mon cas.
En résumé, nous avons vraiment été charmés par cette ville grandiose qu’est Carthagène. Ses couleurs, sa douceur, sa chaleur (un peu dur par moment) et son architecture. Il s’agit de notre premier coup de coeur en Colombie et il semblerait que les prochaines villes nous réservent également de bonnes surprises !
Après plus de 2 mois et demi de voyage, notre excitation pour la découverte des lieux, des gens, de la nourriture et toute autre chose est intacte, nous profitons de chaque moment et réalisons à quel point un voyage comme celui-ci peut éveiller, surprendre, mais également nous faire prendre conscience parfois à quel point la France est également un beau pays. Nous y sommes nés donc cela parait un acquis, mais les avantages sociaux, le fait ne pas avoir peur des forces de l’ordre (pas corrompues), le plaisir de pouvoir boire de l’eau au robinet, avoir de l’eau chaude dans sa douche, disposer d’un choix de produits au supermarché incroyable.
Ces dernières lignes ont un ton un brin nostalgique, mais je vous rassure (ou pas), nous ne comptons pas encore rentrer ! :)
Accéder à la galerie photos sur Carthagène
Chouette… Ça donne envie!
Comme toujours, ce plaisir de vous lire et de suivre ce voyage qui me fait palpiter. Merci…merci, merci.
Bonne continuation. De gros bisous à vous deux.
De tres bon conseils !
Super bien rédigé on est mort de rire avec vos anecdotes !
GROS bisous ❤️