Florida, franche camaraderie près de Cali et vol en parapente dans la valle del Cauca

Couverture Florida - Cali - Vallée del Cauca

À mon sens, la grande différence entre les vacances et les voyages est de s’intéresser aux lieux et aux loisirs dans le premier cas et plus à la culture et aux gens dans le second. Nous avons eu de nombreuses discussions avec des Colombiens depuis notre arrivée, mais rien de tel qu’une immersion complète et un peu prolongée afin de s’imprégner pleinement des coutumes d’un pays. C’est ce que nous avons eu l’occasion de faire à Cali ou plutôt à Florida. Un récit difficile à rédiger du fait de sa richesse en émotion.

Comme quoi les rencontres intéressantes ne tiennent pas à grand-chose, c’est le cas avec Bryan rencontré sur le bateau entre le Brésil et la Colombie. Il était 6h du mat, on sortait d’un couchsurfing super d’une semaine avec deux personnes incroyables, nous étions sur le point de découvrir le deuxième pays de notre périple et la crainte de cette transition me saisissait quelque peu. Ce mec, la vingtaine, arborant un maillot de football colombien me tanne pour prendre mon siège côté fenêtre avec vue imprenable sur le fleuve Amazone. Je lui fais comprendre avec mon niveau d’Espagnol approximatif que c’est mon siège et qu’il peut aller se brosser pour le prendre.

Cette relation de voisin de traversée pour un jour et demi ne démarre sous les meilleurs auspices. Et pourtant, l’ennui de la traversée aidante, nous avons sympathisé à l’arrière du bateau en fumant des clopes en lousdé tout en glanant des informations des habitants isolés du rivage équipés d’antennes paraboliques sur le score du tant attendu match entre le Brésil et la Colombie. On se raconte nos péripéties et nous nous promettons de rester en contact par Facebook, qu’à cela ne tienne, je le contact lors de notre passage dans la zone cafètera.

Nous sommes cordialement invités à lui rendre visite chez lui, enfin chez sa mère, à Florida près de Cali. Il est donc 18h, après un voyage en bus chiant et fastidieux, Vuelta de Colombia (leur compétition nationale de cyclisme) qui ralentit le trajet, le bus qui tombe en panne et un arrêt suite à un accident sur la voie, nous voilà au terminal de bus de Cali. J’utilise un minutos (appel à la minute à l’aide d’un téléphone d’époque style Nokia 3310) pour le contacter et je le vois débarquer presque instantanément en costume-cravate avec un de ces sourires qu’il sait si bien porté. Il vient de passer un entretien d’embauche dans un cabinet d’expertise et il est, par chance, de passage à Cali pour la journée. Nous prenons alors, une fois de plus, un bus pour rejoindre son village qui est à une petite heure de là. Entre petits villages animés au son des boomers qui jouent de la musique et traversée de champs de Cannes à sucre à perte de vue, je lui raconte nos péripéties depuis que nous nous sommes quittés. Je suis assez satisfait de voir que mon niveau d’espagnol a fait un bond en avant depuis notre première rencontre et nos échanges s’annoncent des plus instructifs.



Nous débarquons alors à Florida, petit patelin où ne serions jamais allé et pour cause, il n’est pas indiqué sur les guides, il n’y a pas de grosses attractions touristiques et aucun étranger n’est visible à l’horizon. Nous arrivons chez sa mère, Myriam, elle s’occupe d’enfants la journée et elle est une catholique pratiquante lors de ses temps libres. Elle nous accueille avec un dîner comme nous avons l’habitude de prendre depuis trois bonnes semaines (riz, poulet et bananes plantains frites) et faisons connaissance. Nous avons une micro discussion sur la religion, je lui explique alors que je ne suis pas baptisé et lui fait comprendre qu’il s’agit d’une chose que l’on ne pourra malheureusement pas partager (dédicace à Babou et sa famille calabraise où j’ai ressentis le même sentiment).

Au coin de "notre rue" pendant 15 jours à Florida

Au détour d’une ballade, nous rencontrons une famille qui propose des sauts en parapente, le chef vend son excursion super bien et Bryan l’ayant fait quelques semaines avant en rajoute une couche en disant que c’est quelque chose à faire. Quand un truc que je crains un peu, mais qui m’attire se présente, j’ai pour habitude de dire oui tout de suite afin de ne pas avoir le temps de cogiter et d’éventuellement dire non par la suite. Le rendez-vous est pris pour la fin de semaine.

Ce début de semaine et les jours qui suivent sont de vrais moments de vie qui changent du tourisme « de base », une vie de quartier comme je n’en avais pas vécut depuis un moment. Nous sommes présentés à ses tantes, du coup tous les cousins qui vont avec et ses amis qui sont nombreux dans le quartier. La vie à Florida est assez paisible, village plutôt tranquille où les gens sont contents de rencontrer des Français de passage et soucieux de présenter une face de la Colombie plus positive que l’image véhiculée dans les médias. Nous sommes invités à gauche et à droite pour déjeuner, rencontrons des gens avec qui nous passons des après-midis entiers à discuter, Marlène ira à la messe avec Myriam, je participerai à un match de foot (malgré mon niveau chaotique) et sommes invités à la soirée d’anniversaire des 30 ans de Jhan Pol (un cousin) avec toute la cliqua, une sacrée soirée que la décence me contraint à ne pas raconter.

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Après une petite semaine, nous connaissons déjà pas mal de monde, nous prenons nos habitudes et les gens nous saluent chaleureusement dans la rue. Nous irons également faire une visite de Cali. La capitale de la Salsa porte bien son nom, car c’est une des choses caractéristiques à pratiquer là-bas mais pas seulement.

Vue du Cristo Rey surplombant Cali et la Vallée del Cauca

Nous faisons une brève visite du centre de Cali, nous nous baladons près de l’église « la Ermita », flânons dans les ruelles en savourant des cholados et nous nous rendons en haut de la colline pour observer le Cristo Rey à seulement 9 kilomètres de là. Il s’agit d’une réplique du Corcovado au Brésil qui ne mesure que 4 mètres de moins. En redescendant, nous prenons une jeep bondée, il me faudra m’agripper à l’arrière si je souhaite faire partie du trajet. Je m’amuse avec mes voisins de voyage, car comme cela est interdit, nous nous cachons à chaque barrage de police pour ne pas nous faire attraper. Au troisième barrage, je dois descendre, car notre petit manège est repéré. Cela nous donnera l’occasion de nous poser sur une place en dégustant des brochettes de viande et en buvant quelques bières.

Le Cholado, le nouveau déssert préféré de Marlène, beaucoup de fruits, de la crème de lait et des gaufrettes
Photo d'une rue de cali ou on peut observer pleins de graff

Photo d'une rue de cali ou on peut observer pleins de graff

Le fameux bus que nous avons pris pour monter voir le Cristo Rei

Centre ville de Cali avec vue sur l'église la Ermita
Exposition dans les rues de la capitale de la Salsa


Petronio Alvarez 2014 (1)
Lors de notre passage dans la vallée del Cauca, il y avait un évènement important, le festival de musique « del Pacifíco Petronio Alvarez ». Ce festival présente les spécialités culinaires et musicales de la région « Del Pacifíco » qui comprend tous les départements touchant la côte ouest de la Colombie. Les communautés noires du pays se trouvent à 90% dans cette région et ce festival est là pour mettre en avant leurs traditions. Nous irons assister à un concert qui se passe dans un stade, la foule en délire danse au son du Marimba (un bel exemple d’utilisation avec le groupe socavon).

Nous sommes ensuite allés faire un tour dans un bar réputé pour danser la Salsa, on peut dire que c’est une vraie spécialité locale. Le groupe joue de grands classiques, les couples se donnent à coeur joie dans leur démonstration de danse, les bouteilles de rhum et d’aguardiente (alcool local) coulent à flots et nous profiterons de cette ambiance avec Marlène pour apprendre à danser. Un moment agréable, sans crainte de passer pour des touristes accompagnés de gens qui aiment enseigner cette coutume de Cali.

 

Vol en parapente dans la vallée del Cauca

Expérience de saut en parapente prés de Cali, vallée del Cauca

Nous sommes partis en fin de journée, sur les hauteurs de Florida, en expédition sur la montagne pour rejoindre le camp des parapenteurs de la Villa Aventura Extrema. Nous avons passé la soirée à contempler les lumières de la vallée, à partager un barbecue, danser la salsa pour Marlène et faire griller des chamallows en leur compagnie. Ce genre de moment autour d’un feu donne souvent lieu à des histoires qui sortent du commun. Ils nous expliquent alors l’époque où la guérilla faisait rage non loin, seulement 20 ans auparavant, avec des anecdotes relatant les moments où les paramilitaires (ceux qui sont contre les FARC et qui utilisent des méthodes bien plus barbares) envahissaient la ville pour piller un peu tout ce qu’ils pouvaient pendant que les habitants se barricadaient. Les villages entre cette montagne et Florida furent de véritables bastions et cela s’est calmé depuis qu’une garnison de 500 militaires (a quelques kilomètres d’ici) fut installée. On pouvait également voir deux types de lumières sur les montagnes, celles jaunâtres des éclairages publiques autour des villages et des blanches plus brillantes isolées dans les montagnes. Ils nous expliquent alors que ce sont des champs de Cannabis et de Coca, on peut en apercevoir des milliers dont il est bien évidemment interdit de parler (je sais que nous n’irez pas de toute façon) et qu’il est impossible d’approcher de trop prêt.

Notre campement avant le grand saut
Vue sur la vallée del Cauca de nuit

La vue le lendemain en se levant est tout aussi jolie que la veille et nous comprenons alors qu’il va être temps de sauter. Il fait beau et le vent nécessaire à un bon saut commence doucement à se lever. Nous sommes à peine en train d’engloutir notre petit-dej que l’un des instructeurs se met à faire un vol d’essai. Je commence à sentir une légère pression à l’idée de sauter, mais l’excitation prend le dessus, je me porte volontaire pour être le premier à sauter en tandem.
Cela va assez vite, on m’installe l’équipement nécessaire et me harnache à Juan qui va me faire planer. Quelle sensation ! Nous décollons assez rapidement et je me sens comme un oiseau planant dans les airs. On sent de forts courants et nous les suivons pour prendre de la vitesse, cela fait des hauts le coeur par moment, mais je suis aux anges, la vue est splendide et ce sentiment unique de voler m’éclate au plus haut point. L’atterrissage se fait en douceur et je suis ravi ! Retour en haut de la montagne pour observer la chérie qui en fait de même juste quand nous la rejoignons avec un autre instructeur. Elle a la chance de partir à un moment où les courants sont plus importants, elle restera plus de 40 minutes dans les airs, ce fut un peu long et elle en sera un peu malade (chose visiblement courante) mais ce fut pour elle aussi une expérience incroyable.

Préparation mentale pour le saut en parapente
On prend la pose et on fait genre qu'on a pas peur
On prend la pose et on fait genre qu'on a pas peur

C'est partiiiiii !

J'ai mis un moment à comprendre qu'il fallait s'assoir

Marlène avant le grand saut
La chérie est sur le point de sauter
Photo de groupe de la fine équipe

Nous passerons la semaine suivante sensiblement de la même manière que la première, mais en ayant un peu plus nos marques. Les rencontres se font et s’enchainent, Bryan prend un plaisir à nous présenter à pas mal de gens, le coté frenchy attire toujours autant l’attention. Nous apprenons un bon paquet d’expressions locales, commençons à être super calé sur la musique du coin.
La salsa c’est une chose, mais il y a également la Salsa CHOKE. C’est la même chose mais en plus moderne avec des influences dancehall, on l’entend à tous les coins de rue, des gens dansent ça et là, les bus vibrent systématiquement au son de cette musique que nous prenons plaisir à écouter à force de l’entendre se répéter. Le son le plus caractéristique de notre séjour est le suivant : Ras Tas Tas. Autant la musique que le clip vous donneront un aperçu de l’ambiance festive que nous avons vécu pendant 10 jours.
Nous nous déplaçons presque exclusivement en moto, à deux ou trois par moto (et sans casque) et j’apprendrai même à en faire, le cadre s’y prêtait vraiment bien !

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Après un peu plus de deux semaines en leur compagnie, il est temps de décoller et d’avancer notre voyage en Colombie.

À la manière d’un couchsurfing, nous avons vécu à la colombienne et cela nous a beaucoup plu. Il est difficile de remercier Bryan pour toutes ces choses qu’il nous a fait découvrir, je lui rendrai surement la pareille le jour où il passera par l’hexagone.

C’est donc un peu le coeur lourd que nous quittons Florida pour nous diriger un peu plus au sud en direction de Popayan, merci les amis pour cette expérience inoubliable et votre accueil si chaleureux ! Hasta luego parceiros !

Voici la vidéo résumant ce récit

 

Accéder à la galerie photos sur Florida près de Cali

 

Publié le par Simon dans la catégorie Colombie Sur le site Allolemonde

A propos de Simon

Un peu geek sur les bords mais pas trop et rêveur invétéré. Après quelques voyages sur presque chaque continent, j'ai eu très envie de découvrir l'Amérique latine.

2 Réponses à Florida, franche camaraderie près de Cali et vol en parapente dans la valle del Cauca

  1. El Padre

    Super ce mélange de salsa et de parapente.La chaleur de la danse et l’émotion du saut …

  2. oceane basquin

    Coucou,j’espère que tout se passe bien pour vous on a vu la vidéo trop trop bien papi a adoré il aime bien quand vous faite le saut en parapente on a beaucoup aimé je vais le montrer à maman quand elle rentre elle va adorer je pense voila des gros gros gros bisous je vous aime on pense très fort a vous bisous <3<3<3<Océane;

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