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Le bus arrive au terminal de Trujillo en plein après midi, il fait chaud et nous devons nous jouer des coudes entre les dizaines de chauffeurs de taxi, agglutinés à la sortie pour appâter le client. Après m’être renseignée, l’hôtel repéré sur internet, qui se trouve dans le quartier historique, n’est pas bien loin du terminal, nous y allons donc à pied. Au fur et à mesure que nous avançons, nous quittons la ville « moderne » pour pénétrer dans le quartier historique. On peut dire que le style colonial est plus que présent, cela me fait un peu penser à Carthagène, c’est plutôt bon signe, mais pas le temps pour flâner. Nous devons avant tout nous débarrasser de ces presque 18kg sur le dos.
La plaza del armas est peut être LA plus jolie que j’ai vue jusqu’à présent. Les bâtiments qui l’entourent sont bleus, ocre ou encore rouge rouille et sont surmontés d’un balcon de bois sombre ou protégés par des cages de fer forgé blanc au niveau des fenêtres. La cathédrale est juste sublime, d’un ocre aveuglant ornée de moulure blanche. Elle brille sous le ciel encore bleu de Trujillo. Le charme a opéré, j’adore cette ville!
On se balade au gré des ruelles colorées, il fait bon et super beau, ce n’est pas pour rien que l’on appelle Trujillo la ville de l’éternel printemps. On s’égare dans un musée de jouets anciens un peu flippants j’avoue, avec des poupées de toutes les époques, certaines aux airs d’Annabelle. Des marionnettes suspendues au plafond s’animent au moindre courant d’air, des soldats de plomb par milliers sont rangés selon leur armé et des chevaux à bascule prennent la poussière, j’ai l’impression d’être dans le grenier de mes grands-parents.
Notre balade nous mène jusqu’à la Casa Urquiaga située sur la plaza del armas. La Casa est remarquable par sa longue façade bleue étincelante. C’est une immense demeure coloniale où logea Simon Bolivar, c’est ici qu’il y déclara l’indépendance de Trujillo en 1824. Elle abrite à présent les bureaux de la banque centrale. La maison se visite gratuitement, elle est restée quasiment telle qu’elle était à l’époque. On peut y voir entre autres le fameux bureau de Simon Bolivar, une chambre d’époque reconstituée, une collection de céramique de la culture Chimù et une autre présentant des pièces et de médailles. Énorme coup cœur pour le patio bleu aux colonnes blanches et ses boiseries.
C’est sur ces belles couleurs que nous nous renseignons pour visiter les alentours de Trujillo. N’oublions pas que nous sommes dans une région riche en histoire, qui a vu se succéder plusieurs civilisations avant les Incas: les Moches et les Chimù. Ces derniers se sont développés sur les ruines de la civilisation Mochica et ont habité ces terres entre 1000 et 1470. Leur capitale fut Chan-Chan, importante cité d’adobe que nous ne tarderons pas à découvrir. Le site archéologique annoncé comme exceptionnel se trouve à quelques km seulement au nord de la ville. Dans les environs se trouve un autre héritage remarquable des Moches: la Huaca del sol et la Huaca de la luna, comprenez le temple (ou le lieu saint) du soleil et de la lune. Ce sont deux grandes pyramides à degrés, édifiées entre le II et le IVe siècle, toujours faite en adobe qui était d’ailleurs fourni par les tributaires du royaume.
Comme nous ne restons que 2 jours à Trujillo, nous faisons appel une nouvelle fois à une agence qui propose des tours complets. C’est moins plaisant mais avouons-le, c’est beaucoup plus pratique et certainement plus économe que si nous devions le faire par nous-même. Le lendemain, le combi turistico nous attend pour la visite chronométrée guidée de la journée. Nous partons direction le site sacré des Moches et de mes premières pyramides: la Huaca del sol et la Huaca de la luna. Seule la Luna se visite car l’autre à, seulement 500m n’a pas encore été fouillée, c’était un centre administratif et c’est la plus grande pyramide du Pérou. Celle que nous visitons, beaucoup plus petite était un temple dédié aux divinités dont la plus importante Ai-Apaec et les fouilles archéologiques n’ont commencé quand 1991.
En marchant sur la pyramide, nous passons devant la place des sacrifices. Elle se situe face au sommet de la montagne sacrée que les Moches vénéraient, symbole de force car proche du soleil et des divinités. Le guide nous emmène alors de l’autre côté de l’édifice où nous découvrons une des façades de la pyramide, ornée de fresques colorées sous l’œil bienveillant de la pyramide Huaca del Sol.
Nous verrons d’autres peintures à l’intérieur, elles sont impressionnantes et les couleurs contrastent avec la sobriété de l’adobe. La visite est déjà terminée, c’est ce que je regrette avec les tours organisés, mais pour nous consoler nous avons « quartier libre » de 20 min à la boutique du site.
Place maintenant à la cité précolombienne la plus étendue au monde (rien que ça): Chan-Chan. Capitale impériale du royaume Chimor jusqu’à la conquête de l’empire par les Incas au XVe siècle. A 1h de Trujillo, elle se compose de dizaines de palais et de citadelles ayant appartenu à l’élite de la culture Chimù.
L’immense mur d’enceinte est orné de formes géométriques, mais aussi de motifs marins tels que des poissons, des vagues, etc… La proximité de l’océan Pacifique explique ce style « maritime ». Nous errons dans ces ruelles, en traversant des habitations, des greniers et d’immenses cours. Sur notre parcours nous croisons des ouvriers qui restaurent ces murs d’adobe fragilisés par les années.
C’est un complexe monumental, notre visite débouche sur un espace d’habitations où tous les murs sont alvéolés, visiblement pour l’aération des pièces. C’est une vision étonnante qui donne un aspect unique à cet endroit. L’ancienne cité est immense ! Elle a abrité jusqu’à 50000 personnes, étrangement belle de couleur sable, j’essaie d’imaginer tout ce monde et cette vie à cette époque en quittant cette incroyable ville fantôme.
Nous voici maintenant à quelques km plus loin: Huanchaco. C’est un village portuaire et balnéaire, surtout connu pour ses petites embarcations de roseaux dîtes « caballitos de totora » soit « chevaux de roseaux ». En effet, ces petites embarcations semblent venir d’un autre temps. Nous observons les pêcheurs partir au large, l’inconvénient de ces bateaux c’est qu’ils ne résistent pas aux vagues et nous pouvons en voir certains éventrés sur la plage. Huanchaco n’est pas très grand et sa plage n’a rien à envier à celles de Mancora. Ce n’est pas non plus le village le plus joli que nous ayons vu, mais nous y achèterons de jolis souvenirs en attendant de rejoindre notre combi pour le retour à la belle Trujillo.
Notre journée marathon s’achève tout comme notre séjour, je suis vraiment contente de cette belle découverte. Toutes les couleurs que l’on retrouve ici m’avaient manqué, le nord du Pérou est une des zones les plus désertiques et Trujillo apparaît comme une oasis à mes yeux. Sans parler des sites que nous avons visités, c’était tout simplement spectaculaire! Je suis regonflée à bloc pour la suite.
Ps: Les photos illustrant cet article ne sont malheureusement pas les nôtres, mais elles reflètent exactement ce que nous avons vu.
Sources photos:
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