De Canoa à Puerto Lopez, du bon temps sur le bord de mer équatorien

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Depuis que j’habite dans le sud de la France à quelques minutes de la mer, je nourris une relation particulière avec cette dernière. Elle me rassure, j’ai désormais besoin de sa présence pour me sentir bien et je ressens un réel manque lorsque j’en suis éloigné, Marlene aussi visiblement. C’est donc tout naturellement que nous avons rejoint la côte équatorienne pour nous ressourcer, travailler et découvrir des villages paisibles à souhait.

Visite du village de Canoa

Après ma partie de pêche à Pedernales, nous prenons différents bus qui nous font traverser la campagne avec ses paysages verdoyants. Pour rejoindre Canoa, nous utilisons des bus qui sont plutôt rustiques, les enfants montent à bord dans leurs tenues d’écoliers et les vendeurs ambulants affluent à chaque arrêt, et ils sont nombreux. C’est incroyable la variété de choses que l’on peut acheter à manger à bord, des snacks chauds, froids, à la viande ou végétarien, des glaces, des sodas ou des jus de fruits, des friandises, mais également des chips de bananes. Certains font des speechs en braillant à haute voix espérant attirer la sympathie des voyageurs, on croise des magiciens, des vendeurs de bijoux ou des potions miracles censées théoriquement tout guérir.

Nous arrivons en fin de journée et la mer que l’on aperçoit à l’horizon à bord de notre tuktuk nous remplit d’allégresse, enfin nous retrouvons la mer ! Les restaurants proposent des déjeuners économiques à base de crevettes ou de poisson et nous en profitons pour nous faire une petite cure.

Depuis une première expérience réussie à Popayan en Colombie, nous essayons, dans la mesure du possible, de proposer nos services de traduction de sites internet aux hôtels afin d’obtenir en échange le gîte et par moment le couvert. Cela ne représente pas une trop grosse somme de travail et cela soulage notre budget de manière drastique. J’envoie des emails par anticipation et si une réponse positive survient, nous nous y rendons. C’est ce qui s’est passé à Canoa, un petit village reconnu pour la pratique du surf et la pêche.

Lodge où nous avons trouvé une opportunité de travail
Le lodge Rutamar à Canoa

J’ai rendez-vous en début d’après-midi avec Javier, le patron de l’hôtel Rutamar à qui je dois présenter en détail ce que nous avons à lui offrir. Il est originaire de Mindo, a fait ses études d’ingénieur au Danemark avant de s’installer dans le village pour construire son propre hôtel. Il s’agit d’un ecolodge fait uniquement à partir de matériaux du coin, cela change des constructions en parpaing que l’on trouve inachevées un peu partout. Le contact passe bien même si c’est une première pour moi de passer « un entretien » en espagnol, mais il semble apprécier la démarche et nous propose une semaine dans son établissement en échange de nos services.

"Ecole de surf"
Surfriders !! Yeah !
Isla Corazon
Isla Corazon

Malgré un temps un peu exécrable, nous passons une semaine à nous reposer sur ce bord de mer relativement paisible. Ce n’est pas le village le plus recommandable de la cote (classé en zone rouge, mais ça nous l’apprenons qu’après). Nous ne sommes pas en plein centre touristique et la favéla se trouvant juste à côté impressionne par moment. Nous n’étions pas dans la cité de dieu non plus je vous rassure. J’en profiterai pour faire un peu de surf et nous irons visiter l’isla corazon (elle est vraiment en forme de coeur) pour observer la mangrove qui la constitue (et en replanter un peu), les oiseaux qui s’y trouvent et les milliers de crabes qui la peuplent.
La fête bat également son plein, nous retrouverons les airs de salsa colombienne que nous aimons et nous gouterons une mixture alcoolisée surprenante, la uña de la gran biesta (la griffe de la grande bête). Une préparation à base d’alcool de cannes, de feuilles de cannabis et de coca et de bestioles vivantes insérées à même la bouteille, un cocktail savoureux mais traitre à souhait.

Couché de soleil sur la plage de Canoa
La patronne qui vend une liqueur particulière

En plus de la folle envie de retrouver la mer, nous sommes dans ce coin pour une raison précise, observer les baleines. La période où elles viennent se reproduire dans le coin est terminée et ont entamé leur migration depuis une semaine déjà, merde c’est quand même pas de chance ! L’endroit le plus propice pour le faire, c’est dans le village de Puerto Lopez, à quelques heures de bus de la. On ne s’avoue pas vaincu et décidons d’aller y faire un tour, cela tombe bien, j’ai reçu une autre proposition pour travailler là-bas ! Nous saluons le patron de l’hotel, satisfait de nos services et arrivons à Puerto Lopez en début d’après-midi après une correspondance de 3 bus sur la route longeant le littoral.

Expérience au sein d’une famille à Puerto Lopez

Au premier abord, le village semble beaucoup plus paisible même s’il n’est pas d’un charme fou. Les rues sont plutôt dégueulasses, la plupart des trottoirs bien défoncés, on retrouve toujours les mêmes hordes de chiens errants, mais il se dégage une bonne énergie qui fait que l’on s’y sent bien tout de suite. Ceci malgré toutes les mauvaises choses que nous avons pu lire à son propos sur son côté supra-touristique qui ne nous a pas tant marqués, surement parce que nous y étions en basse saison. Le bord de mer est vraiment joli, il doit faire 2 km avec à l’extrémité ouest, le quai principal et le port de pêche qui est attenant. La maison familiale avec qui nous avons rendez-vous se trouve à 2 min à pied du port, cela tombe bien, c’est loin de l’agitation et le coin est vraiment mignon juste au bord de l’eau.

Notre paradis à Puerto Lopez
Les rues de Puerto Lopez
Le muelle (Quai) de Puerto Lopez, départ de toutes les excursions
La petite plage en face de notre petite auberge de charme

Nous arrivons donc devant cette auberge familiale, sans trop savoir ce que l’on attend de nous et sans savoir que nous y passerons finalement 15 jours. L’hostal Monte Libano est à la base une maison rustique à laquelle on a rajouté progressivement des annexes dont une cabane dans un arbre qui est l’attraction de l’auberge. Pedro, le patron, est une personne extraordinaire. Il a visiblement besoin de notre aide pour refaire entièrement son site internet, prendre de nouvelles photos de son établissement et mettre en place un système de réservation. Le courant passe bien entre nous, nous sommes installés comme à la maison et travaillons a bon rythme entre les différentes activités que le village a à offrir.

Visite de la isla de la plata

Nous aurions bien aimé nous rendre sur les iles Galapagos mais les prix pratiqués sont exorbitants et cela est réservé à une certaine classe de touriste fortunée. Il est cependant possible de visiter une ile alternative en remplacement pour les bourses plus modestes, la isla de la plata. Bon, faut tout de même être franc, il n’y a pas les mêmes choses sur les deux iles, mais « ce Galapagos du pauvre » vaut tout de même le coup d’oeil. L’île est petite, la végétation est sèche au moment où nous y étions mais les côtes sont splendides avec ses eaux bleues et les oiseaux à pâtes bleus se trouvant un peu partout. On peut même y faire un peu de plongée sur le bord. Cela faisait un moment que nous n’avions pas utilisé un masque et un tuba et avons passé 1h30 dans l’eau à contempler toutes sortes de poissons multicolores, j’avais oublié le bonheur de se baigner au milieu des bancs de poissons.

Fous à pieds bleus
Vue des falaises de la isla de la plata
Isla de la plata

Cependant, l’attraction principale est l’observation des baleines. Elles viennent en nombre dans la baie de Puerto Lopez pour se reproduire avant d’entamer une longue migration vers l’antarctique. La plupart des touristes viennent dans ce village pour cette raison. Nous sommes hors saison et ne sommes pas censés en apercevoir. Lors de notre traversée vers l’ile, nous avons eu la chance de contempler 3 baleines qui sont apparues autour de nous. J’ai vu tout un tas de choses incroyables lors de mes voyages, des troupeaux de girafes au Kenya, des dauphins lors d’une partie de pêche au Mexique, mais voir des baleines de 16m sortir de l’eau à proximité est une expérience unique. On se sent vraiment minuscule et vulnérable même si elles n’ont pas de mauvaises intentions. Il paraît que par moment, juste pour jouer, elles se frottent sur la coque du bateau… Ce genre de moments où prier un au-delà ne paraît pas dénué de sens.

Observation des baleines à Puerto Lopez

Nous aurons l’occasion de passer de super moments en compagnie de cette famille, enfin une expérience humaine que nous n’avions jusqu’alors pas encore expérimentée en Équateur. Mes discussions avec le patron sont des plus passionnantes, c’est un fan de documentaire, il doit en mater 3-4 par jour, il connaît tout sur tout et sa façon de raconter la sombre partie de l’histoire de son pays vous saisit littéralement.

Comment dans les années 2000, avant, pendant et après la dollarisation du pays, la qualité de la vie avait pris un gros coup. Les prix qui changeaient tous les jours, souvent du simple au triple, l’appauvrissement de la population qui poussait beaucoup d’Equatoriens à émigrer vers l’Espagne notamment ou encore le climat d’insécurité qui pouvait alors reigner dans la plupart des villes du pays.
Nous partageons également les mêmes idées concernant les théories du complot, nous avions des discussions animées sur ces sujets tel que la vérité sur l’effondrement des tours du 11 septembre et bien d’autres encore. Une bonne manière d’affiner mon vocabulaire dans un registre que je ne pratique pas forcément tous les jours.

Pedro : une sacrée rencontre

Nous avons passé au total environ 3 semaines dans ces villages en bord de mer. Nous avons découvert une population beaucoup plus chaleureuse que dans les terres, notamment à Quito, avec une qualité de vie que nous avons jugé supérieur en raison du paysage, de la température  et de la nourriture beaucoup plus raffinée. Aucun regret d’avoir zappé la région des volcans, direction le sud du pays pour se rapprocher petit à petit du Pérou que nous attendons tant.

 

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Publié le par Simon dans la catégorie Equateur Sur le site Allolemonde

A propos de Simon

Un peu geek sur les bords mais pas trop et rêveur invétéré. Après quelques voyages sur presque chaque continent, j'ai eu très envie de découvrir l'Amérique latine.

3 Réponses à De Canoa à Puerto Lopez, du bon temps sur le bord de mer équatorien

  1. ondiane

    quelle belle rencontre de proximité!

  2. Françoise

    Je n’imagine même pas ce que vous pouvez ressentir tellement cela doit être immense … entre le dépaysement et les rencontres.
    Continuez à nous faire rêver.

  3. El Padre

    ¡Qué bonitas imágenes !
    ¡Qué hermosos encuentros !

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