Seule une centaine d’âme y vit à l’année. Nous devons traverser une rivière dans une sorte de pirogue. Le trajet dure 5 min tout au plus. Je suis enchantée par la vue, le calme qui règne et le bruit du clapotis de l’eau. A terre le patron de la pousada que nous avons réservé nous attend. La pousada nous a été indiquée par Valéria (pour ceux qui n’aurait pas suivi c’est la mère de notre petite famille à Arraial d’Ajuda), son fils connait la fille des lieux et ils nous feront un prix.
Nous suivons l’homme avec qui nous échangeons quelques mots. Je découvre alors les rues sablées, de nuit cela n’est pas évident. Il n’y a pas une seule route goudronnée et les voitures sont remplacées par des charrettes tirées par des chevaux ou des ânes. Nous découvrons alors notre chambre bien différente de la dernière mais fort ressemblante à celle d’Itacaré. Très sommaire mais bon, nous avons un bon prix et puis on n’est pas difficile.
Nous sortons directement profiter du village. L’électricité n’y a été installée que depuis 2007 donc tout n’est pas éclairé. Une lampe de poche est alors indispensable pour se déplacer dans les rues du village. Par contre la rue principale est éclairée, le plus souvent par des bougies. Cela donne un côté très chaleureux et romantique. On remarque rapidement que les restaurants sont hors de prix en comparaison à ce que l’on a pu connaître. De plus, un barman avec qui nous sympathisons nous informe qu’il n’y a pas de distributeur dans le village. On va devoir faire super attention au budget, cela m’inquiète un peu. Nous profitons quand même (raisonnablement) de notre première soirée ici.
Caraiva est connue pour son calme et son côté hors du temps mais aussi pour ses plages et notamment la plage d’Espelho qui est à 3h de marche. Ce sera le programme de demain. Sauf que le lendemain il ne fait pas très beau et il n’y a pas grand intérêt à y aller sous les nuages, on nous l’a bien répété. On se contentera donc de la plage à proximité pour aujourd’hui en espérant qu’il fera beau demain.
Il pleut toute la nuit, je ne suis pas confiante mais je garde espoir. Et j’ai bien fait car au réveil il fait beau! Nous ne perdons pas une minute: direction Espelho. Sur le chemin face à la seule paderia (boulangerie) du village, je crois entendre des personnes qui parlent français. Et en effet, il s’agit de deux mecs (Adrien et Nico) de la région parisienne qui sont venu au Brésil pour assister à certains matchs de l’équipe de France. Ils arrivent de Porto Alegre au sud et se rendent dès le lendemain à Salvador soutenir les Bleus qui jouerons le soir. Nous leur faisons part de notre programme du jour et les invitons à nous accompagner. Ils ne se font pas prier et nous voilà tous en route. C’est cool de voir de nouvelles têtes et surtout de parler français!
Pour se rendre a Espelho, il faut traverser le rio qui n’est pas très large. Cela peut se faire à la nage mais il y a un peu de courant et surtout nous avons les affaires. Seul Adrien s’y tente. Pour nous ce sera un petit tour en barque. Une fois de l’autre côté de la rive, la beauté du paysage est frappante. La plage est déserte, le ciel est bleu, la mer est belle avec toujours quelques vagues, et la végétation surplombe le tout.
Nous sommes tous ébahi par ces plages même si on sait que l’on va devoir beaucoup marcher pour arriver à destination. Quelques kilomètres plus loin, sur une autre plage nous découvrons une lagune d’eau douce où un pêcheur lance ses filets. Les garçons tentent de casser une noix de coco et Simon les prévient que ce n’est pas chose facile (et pour cause, souvenez vous d’Itacarezinho où il a bataillé 1 h!). Il ne leur faudra pas longtemps pour qu’ils abandonnent. Le soleil tape fort et nous faisons régulièrement des plongeons pour nous rafraichir.
Nous ne sommes qu’à la moitié du chemin et cela fait déjà 1h30 que nous sommes partis. Au loin sur une colline nous apercevons le sentier qui mène à la plage d’Espelho. Elle est de l’autre côté du versant et il faudra traverser une sorte de garrigue. Je ne suis pas rassurée par les bruits dans les herbes, quelques (gros) lézards filent par ci par là, je laisse échapper quelques cris de frayeur. De plus je suis pieds nus car j’ai perdu mes tongs! J’ai du les laisser dans la barque ou les oublier sur la plage. Bravo Marlène ! Après une bonne grosse demi heure de marche sur le sentier nous atteignons enfin la fameuse plage.
C’est vrai que l’endroit est magnifique mais en même temps toutes les plages sont plus jolies les unes que les autres sous ce soleil! On se repose un peu, on grignote, on discute mais on ne tarde pas trop car les garçons ont un bus a 16h. Sur le chemin du retour, je guette voir si je retrouve mes tongs mais j’ai bien peur de devoir en faire le deuil. Elles ne seront pas dans la barque non plus. A bout de souffle et assoiffé, nous allons boire un verre avant de se séparer de Nico et Adrien qui partent directement après.
J’ai passé un excellent moment et heureusement car la soirée ne sera pas aussi bonne. En effet, le temps tourne rapidement et il se met à pleuvoir tellement fort qu’il n’est même pas pensable de sortir pour manger. On attend un peu espérant que la pluie cesse mais il n’en sera rien et je meurs de faim. Simon le vit beaucoup mieux que moi et j’avoue être de mauvaise humeur. La faim, la fatigue et le soleil assommant de la journée auront raison de moi et je m’endors alors qu’il n’est que 22h. Nous quittons le village le lendemain en espérant que la route soit praticable mais vu ce qui tombe nous ne sommes sûr de rien. Nous retournerons à Porto Seguro afin de prendre un bus pour Rio de Janeiro.
Le réveil sonne à 5h du matin, le pluie a cessée (heureusement) mais nous ne connaissons pas encore l’état de la route. Nous grimpons dans la barque qui nous sépare du continent et pendant le trajet nous faisons état de la pluie d’hier (et des autres jours) et nous constatons que l’hiver et la saison des pluies sont bien là et que plus nous allons descendre plus cela sera pire. Au moment de prendre le bus, un jeune homme nous interpelle et nous demande si nous allons à Porto Seguro. Car lui même y va mais en taxi ( plus sûr au vu de l’état des routes). Nous acceptons de partager la course et il s’avère que le mec est français aussi, il vit à Caraiva depuis 3 ans et il va à Porto Seguro prendre un avion direction Salvador (match, CDM, France) comme nos amis d’hier. Comme quoi! Sur le chemin, qui est beaucoup plus confortable en taxi qu’en bus, nous lui parlons de notre voyage et de la direction que nous souhaitons prendre. Il nous confirme qu’il fait encore plus froid dans le sud et que ce n’est que le début.
Une grande réflexion s’impose alors. Allons nous continuer vers le sud et « gâcher » les quelques plages qu’il reste à cause du temps? Ou allons nous changer de direction et partir vers le Nord afin de rejoindre la Colombie (qui devait être la fin de notre périple) et faire le trajet inverse à ce qui était initialement prévu. Nous décidons de l’accompagner à l’aéroport (où nous tombons sur nos amis de la veille!) pour se renseigner sur le prix d’un billet d’avion pour Manaus en Amazonie. Rien que le mot nous fait rêver mais il s’agit là d’un gros changement de programme et nous voulons prendre le temps d’y réfléchir.
Nous voilà donc de retour à Arraial d’ajuda où bien-sûr nous retournons à la pousada Lua Mar de Valéria. Tout le monde est surpris mais super content de nous revoir. Il en est de même pour nous. Après plusieurs jours de réflexion, de comparaison, d’estimation, (de matchs ausi), nous avons pris notre décision.
Nous allons en Amazonie direction Manaus!! La famille est prévenue, le billets sont acheté, c’est parti pour une autre aventure. Comme quoi rien n’est définitif en voyage et tout peut changer à tout moment. A bientôt pour des nouvelles d’Amazonie!
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